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Jacques Desoubrie

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Jacques Desoubrie
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière communal de Thiais (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
Jean Jacques, Pierre Boulain, Jean Masson, Jacques Leman, Capitaine Jacques
Nationalité
Activités
Période d'activité
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Autres informations
A travaillé pour

Jacques Desoubrie né à Luingne (Belgique), le , fusillé le , était un agent de pénétration (V-Mann) de la Geheime Feldpolizei qui dépendait de l’Abwehr. Desoubrie, sous différents noms d'emprunt : Jean Jacques, Pierre Boulain, Jean Masson, Jacques Leman, Capitaine Jacques, infiltrait les filières d'évasion alliées et les réseaux de résistance pour en dénoncer les membres.

Jacques Desoubrie, fils illégitime d'un médecin, naît en Belgique. Il est électricien de formation et vit dans la région de Tourcoing à la frontière franco-belge.

Desoubrie commence sa carrière en effectuant de petites enquêtes suscitées par des lettres de dénonciation. Il pénètre ensuite le mouvement La Vérité française. Introduit dans le groupe parisien Les Petites ailes (précurseur de Combat), il devient l'homme de confiance de l'un de ses dirigeants, Charles Le Gualès de la Villeneuve, qui l'emploie comme agent de liaison.

En 1942, il infiltre le réseau Hector, ce qui lui permet également d'identifier le "groupe de Compiègne", réseau de résistance créé en 1941 à Compiègne et qui s'était rapproché dès la fin 41[pas clair] d'Hector. Il parvient ainsi à faire arrêter 17 résistants de ce groupe compiègnois le . La plupart seront déportés et plusieurs n'en reviendront pas[1].

Les informations de Jacques Desoubrie et d'Henri Devillers, autre agent de pénétration de la Geheime Feldpolizei, permettent aux polices allemandes de mettre fin aux activités de Combat en zone occupée. Ses informations conduiront également à l'arrestation à Paris le d'André Grandclément, chef de l'Organisation civile et militaire (OCM) pour tout le Sud-Ouest, en fuite depuis l'arrestation de son épouse. Desoubrie poursuit sa carrière jusqu'à la Libération, infligeant de terribles pertes à la Résistance. Les réseaux Comète, Picourt et Hunter, en particulier, payèrent un lourd tribut à la suite de sa trahison.

En , Desoubrie propose ses services au réseau Comète en tant que guide sur la ligne Bruxelles-Paris. Desoubrie attire rapidement les soupçons sur lui, en effet, en , il est surpris en présence d'un autre traître notoire : Prosper Dezitter. Il est écarté mais reviendra à deux reprises, sous de fausses identités, en janvier et . Conduisant à l'arrestation à Paris de Jacques Le Grelle qui avait été parachuté depuis Londres pour assurer la coordination du secteur de Paris après l'arrestation de Frédéric De Jongh et à celle de Jean-François Nothomb, chef du réseau depuis l'arrestation d'Andrée De Jongh en . À cette époque, les antennes parisiennes et bruxelloises sont quasiment entièrement démantelées[2],[3].

Il participa également en 1943 à l'infiltration du réseau Turma Vengeance, qui venait d'être intégré au mouvement Ceux de la Libération, ce qui permit notamment l'arrestation de plusieurs de leurs cadres en janvier 1944[4].

Arrestation et jugement

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Après guerre, Jacques Desoubrie, ayant fui en Allemagne, est formellement identifié. Il sera arrêté par les troupes américaines à Augsbourg le et remis aux autorités françaises. Après plusieurs jugements, disparates dans leurs condamnations[Notes 1], rendus par contumace par différentes juridictions françaises, l'instruction, après son arrestation, est confiée à la cour de justice de Douai. Par connexité, cette instruction concernera également Maurice Grapin, alias « Henri Crampon », accusé d'avoir été retourné par les Allemands à deux reprises, en 1943 à Marseille et en 1944, à Paris[5].

Il put être établi que Desoubrie avait fait arrêter 168[6] aviateurs tentant de regagner la Grande-Bretagne et avait conduit à l'arrestation, la torture et la déportation de plus d'une centaine de résistants[7].

Ils sont tous deux jugés par la cour de justice de la Seine. Le procès se déroule du 7 au . Jacques Desoubrie est condamné à mort et Maurice Grapin à deux années de service. Condamné à mort pour intelligence avec l'ennemi, il fut exécuté au fort de Montrouge à Arcueil le [8].

Documentaire

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  • Michael Dorsey, Gerald Baron, The Lost Airmen of Buchenwald, USA, 2011, documentaire[9].

Notes et références

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  1. Angers : 10 ans de travaux forcés ; Lille : peine de mort ; Paris : deux informations ouvertes au moment de son arrestation (Blanchard, 2020, p. 35).

Références

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  1. Voir sur ce sujet, la conférence de Patrice de Larrard, Jacques Desoubrie, un agent d’infiltration de la Gestapo à Compiègne, Société historique de Compiègne, 3 mai 2014 [1]
  2. « Le Réseau Comète », sur forcedlanding.pagesperso-orange.fr (consulté le )
  3. Blanchard 2020, p. 116-118.
  4. « Raymond Jovignot - Les Français Libres », sur www.francaislibres.net (consulté le )
  5. Blanchard 2020, p. 46-60.
  6. The national WWII museum of New Orleans.
  7. Blanchard 2020, p. 36.
  8. Conférence de Patrice de Larrard, « Jacques Desoubrie, un agent d’infiltration de la Gestapo »,
  9. IMDB.com

Bibliographie

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  • Mathieu Blanchard, Université de Paris 1 - Panthéon-Sorbonne - Histoire (Thèse de doctorat), L’affaire Maurice Grapin : procès d’un résistant en sortie de guerre (1946-1949), , 206 p. (HAL dumas-02928271, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (fr) Dictionnaires des agents doubles dans la Résistance, Patrice Miannay
  • (fr) Dominique Lormier, Le livre d'or de la Résistance dans le Sud-Ouest, éditions Sud Ouest, 1991

Liens externes

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